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Priorité aux Gyrophares.
J'ai toujours ricané ou haussé les épaules devant celui qui me vantait les effets de la pleine lune. Et sa | |
luminosité qui fait que… Et sa face cachée qui ceci… Et son pouvoir de rayonnement cela… Et… Et ma queue dans ta lune, quand je l'y aurais mise t'aura la mâchoire coincée. | |
Habituellement, William conduisait déjà vite mais là, sa conduite touchait à la folie furieuse. Il enchaînait les |
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virages comme les lignes droites et je me renversais de la bière partout. Quel gâchis. On avait débuté l'apéro chez lui vers 16 heures. Comme il fallait absolument qu'on puisse avoir la lucidité de se déplacer jusqu'au bar où nous attendent toujours Thierry et Jonathan, j'avais décidé de faire un peu de bouffe pour reprendre le dessus, faire imbiber. Chez Will il n'y avait rien dans les placards: pas de pâtes, pas de boite, pas de riz, juste un essaim d'un petit millier d'araignées qui grouillaient comme dans une immense partouze de toiles emmêlées. Alors j'ai décidé de visiter le frigo. Erreur fœtale. Lorsque j'ai ouvert la porte de ce réfrigérateur Ménalux, la lumière sensible ne s'est pas déclenchée.. J'étais déjà bien bourré et le frigo était dans un coin sombre de la cuisine. Je n'ai pas remarqué l'odeur immédiatement. Pour essayer d'y voir plus clair, j'ai cherché à tâtons ce petit interrupteur qu'il faut décoincer du doigt pour que le frigo givré s'illumine. J'ai avancé la tête aux dessus des rayons pour mettre mes yeux rougis au service de ma main. C'est avec le jaillissement de la lumière que la puanteur fétide a soudain violée mes poumons: pénétration douloureuse. Au-dessus des trois packs de Kro, donc au dernier étage du frigo, habitaient dans un état impérial quelques centaines de vers décorant, dévorant avec une certaine frénésie esthétique un vieux steak qui n'avait pas durcit. Prenant, empoignant mon courage d'une seule main attendu que l'autre se tendait (contre ma volonté bien sûr) vers un pack, je me fermais les narines. Mon désir de nourriture était résigné, à mon grand étonnement. | |
Je foutais un coup de talon dans la porte et retournait m'asseoir dans le salon. Je sais qu'ensuite j'ai | |
décapsulé quelques bouteilles, et puis plus rien. | |
Maintenant les fenêtres de la Golf sont grandes ouvertes pour éviter le mal de cœur. Les virages, les aiguilles |
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s'enchaînent "comme sur la Sega". Non vraiment, il va trop vite. Je ferme les yeux pour tenter de ne plus avoir à supporter l'enfilement des courbes échaudées, mais mon estomac n'est pas d'accord, il renvoie la sauce. Que je gerbe, Willy s'en fout complètement, il s'occupe à conduire et à frôler les précipices (parce qu'ici c'est la montagne, j'avais peut-être omis de vous le préciser). Mais personnellement je ne tiens pas vraiment à me gerber dessus, non pas que ça me paraisse sale à proprement parler, mais ça s'incruste dans les fringues et pour éviter les odeurs, il faut tout laver. Acte que je réprouve tout particulièrement. Or, pour le cas qui nous occupe, il n'y a rien à faire, je n'arrive pas à retenir la gerbe et j'ai déjà les joues toutes gonflées. La conduite virulente de Willy m'empêche de passer la tête par la fenêtre. Il faut que je gerbe. Tout à coup jaillit en mon cerveau la géniale idée: j'ouvre la portière et me penche immédiatement en dehors de l'habitacle. Quelle spontanéité ! Quand j'ouvre la bouche pour éjecter le flux d'écume Willy perd le contrôle du véhicule, fait un écart m'éjecte du fuselage et s'envole pour retomber 200 mètres plus bas avec les poissons et les nénuphars. Je reste sur la chaussée, désarticule. La gueule collée contre la caillasse, ma gerbe me coule doucement sur la joue. | |
Garance aurait dû avoir une vie commune et non banale. Elle est née dans une bonne famille de classe |
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moyenne. Elle a grandit vite et bien. Quand l'adolescence est arrivée chevauchant son fidèle destrier, elle semblait posséder toute la force nécessaire pour affronter cette redoutable épreuve. Les descentes fulgurantes des écoulements cycliques ne la faisaient plus rougir et l'effleurement de son sexe par sa main ne la faisait plus frémir de honte, mais de doux plaisir. Depuis toujours le matin, quand elle s'apprêtait à descendre dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner elle croisait son père sortant nu de la salle de bains. Il allait se vêtir dans la fameuse "chambre des parents". | |
Un peu après son quinzième anniversaire, Garance connu Bastien, 16 ans. À la recré ils s'embrassaient | |
en mettant la langue. Durant une de ces longues recrées asséchantes et printanières, ils allèrent s'embrasser à genoux dans les gogues des garçons. Ils appelaient ça la prière des toilettes. Ils se confiaient la leurs secrets et narraient avec enthousiasme les rêves qu'ils avaient construits autour de l'autre. Ce jour donc, Bastien lui dit: "Oh, aujourd'hui je vais te montrer un truc…" Il lui demanda de rester à genoux et ouvrit sa braguette en se levant. Il sortit son sexe fermement durcit par une violente érection. "Garance, ouvre la bouche si tu m'aimes… Hum c'est bon…" Il lui tenait sévèrement la tête et la secouait de plus en plus vite. Garance essayait bien de se défaire mais il était trop fort. Soudain un liquide chaud, plus compact qu'un glaire lui inonda la bouche. Garance pleurait, la larme au coin des lèvres. Bastien en rigolait et rangeait son sexe. Il ouvrit la porte et sortit. Une amie de Garance vint lui apporter un peu d'aide, la relever, lui faire cracher et lui laver la bouche. Garance lui fit jurer de ne rien dire et ne parla elle-même jamais de cette triste expérience. Mais quand elle croisait son nu de père chaque matin, un frisson d'effroi l'étourdissait. | |
Enfin à dix-huit ans elle connu une première expérience sexuelle volontaire avec sa correspondante | |
allemande. Depuis ce jour Garance affiche pour les femmes sa préférence, et tire aux mâles sa révérence. | |
J'entends un moteur, je distingue quelques lumières, ça freine, ça m'évite. Bon, j'ai encore mes deux jambes. |
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Je les sens comme je sens le sang couler sur ma tempe. La pleine lune se reflète sur le macadam humide. La soirée s'écoule, l'entablée s'écroule. | |
Ce que je crois maintenant distinguer est blanc, lumineux. Je ne suis plus immobile. Je reprends connaissance |
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dans l'ambulance. Une infirmière penche sa tête et me regarde droit dans les yeux. "Bâh, il t'en a fallu du temps pour revenir sur terre, pochtron !" balance-t-elle. Je n'ai pas regardé une personne inconnue dans les yeux depuis plusieurs siècles. Je suis une bavure, un "sert à rien", un RMiste, un parasite. Mon rôle dans la société, c'est dans sortir sans faire de bruit, c'est de baisser les yeux devant la population active. Et cette infirmière qui vérifie mon masque à oxygène ma regarde dans les yeux avec une méchante satisfaction. J'essaies de ne pas faire attention aux variations de courbe de l'ambulance car rejeter dans un masque respiratoire est parait-il vivement déconseillé. Sur le badge de l'infirmière je peux lire "Garance". C'est pas commun. Ces cheveux sont aussi noirs qu'étincelants, et contrastent avec la pâleur écarlate de la lune qui est filtrée par le verre dépolis. Ce soir, la lune est couleur blues médical. | |
Mais ça je m'en fous après tout. Ce que je vois c'est qu'elle est en train de préparer une injection, calée |
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contre le haillon de la camionette-ambulance. Merde, j'ai horreur des piqûres. Elle a quand même un beau cul. Faudrait pas la décevoir. Elle doit déjà avoir une telle idée des hommes que la moindre faiblesse doit renchérir sa fierté. Alors puisqu'il faut y passer, je dégage mon bras du brancard en serrant le poing pour que la veine apparaisse bien, courageuse, serpentant pleine d'assurance entre les montagnes de muscles de l'ère primaire. | |
Ma tête me fait mal. Mes fringues sont déchiquetées. L'injection est prête et Garance, qui n'a pas remarque | |
mon bras tendu et garrotté par mes soins, titube dans l'ambulance qui trace la route et s'enfiche sur mon poing, me plaçant le bras en porte à faux. J'essaie par quelques tentatives de me retirer mais elle, si surprise, reste les billes écarquillées à me tuer des yeux. Au bout de quelques secondes seulement je sens son sexe se réchauffer. Merde, merde, retire ton bras me dis-je. Alors sans bouger le cul, elle se penche sur ma veine, désinfecte mon creux d'amour et me plante dix centilitres de morphine dans le sang. Toujours sans entendre de mouvement pour nous dégager d'une situation embarrassante, elle repose vite la seringue et en me regardant au fond des yeux me dit nonchalamment: "Desserre le poing maintenant." Je la regarde, l'air con, avec mon masque à oxygène et dix centilitres de morphine qui se baladent dans les veines et qui commencent à faire effet. Je tente un "les nouvelles pratiques médicales ont du bon." Son regard se contracte. J'ai encore dit une connerie. Alors elle relève sa jupe, écarte sa culotte de l'index et commence à se branler sur ma main ouverte. Je sais plus ou me foutre mais je reste quand même sur le brancard avec un bras en porte à faux. De sa main gauche elle repousse ma couverture, défait mes jeans et empoigne mon bâton de berger. Assurant sa prise elle libère enfin mon bras et lève sa jupe jusqu'à la taille, retire définitivement son Aubade série 85. Elle me grimpe dessus la conne, elle va me faire mal. Mais une sensation de bien être emplie plus encore mes muscles le plus réfractaires. Elle tape maintenant mon gland contre son clitoris pendant que son autre main me caresse nerveusement les valseuses. Alors que j'ai déjà l'impression d'éjaculer par tous les pores de la peau, elle s'empale un peu difficilement sur mon pieu médiéval (faut dire que j'ai un bel appareil) et ondule graduellement, son visage s'est détendu. Je passe un peu sur les détails répétitifs. J'éjacule en prenant le plus grand pied de ma vie et quelques secondes plus tard elle semble en proie à une crise épileptique joyeuse et frénétique. Elle gémit en balançant sa tête de gauche et de droite. Au moment où elle crie comme un porcinet qu'on égorge le conducteur enclenche la sirène pour franchir le feu rouge. Nous passons inaperçu dans le carrefour embouteillé. |
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Stépan O.
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